Au gré du vent... quand il y en a !

29 juin

Vendredi départ de Pétriés vers Kimi toujours sur Evia. . Peu de vent, moteur. Aussi quand le vent monte un peu, on hisse les voiles.. Yeeeesss, ca ne dure pas mais çà fait plaisir….On jette l'ancre dans l'avant port de Kimi, eaux troubles.

Je plonge et repère difficilement l'ancre bien tanquée. (On a toujours cette bande de plastique bleue, morceau de bâche que l’on a levé avec l'ancre à  Pétriés pour éviter qu'elle finisse dans l'hélice et pour contribuer au nettoyage des fonds marins. On s'en débarrassera à Linaria..). A la fraicheur on va à terre et on craque pour un taxi qui nous emmène au village en hauteur… Quelques courses puis retour par les sentiers sur une trace de Google Map. Au début joli chemin bien raide qui serpente dans les myrtes et lauriers en fleurs, puis ça se réduit, puis ça se réduit, pour finir on devine la direction grâce à la pente très inclinée et aux hautes herbes et ronces vaguement foulées qui disparaissent dans la pénombre. Un coupe-coupe aurait été très utile… Nuit noire lorsqu'on arrive à l'annexe. Heureusement qu'on ne s'est pas attardé au village, sinon dans le noir on était bon pour remonter chercher un chemin plus praticable. Retour sur India à la rame sur une eau paisible, un lac avec la lune qui se lève, majestueuse. Encore une très petite nuit emmoustiquée et en manque d'air. De plus des odeurs nauséabondes s'infiltrent qui donnent l'impression que des vannes d'égout ont été ouvertes (d'où eaux troubles ?). JJ lui s'en fiche les moustiques ne l'aiment pas et il s'endort n'importe où quelques soient les conditions.. Quelle chance il a…

Le lendemain  "on va où ?" : soit on continue à découvrir la côte Est d'Evia, soit on monte directement vers les Sporades du Nord. Dans un cas comme dans l'autre c'est environ 35 Mn de vent de face, donc encore une grosse journée de moteur. Ou alors, bâbord amure, au travers on peut aller à la voile, à  Skyros à seulement 25 Mn. En plus le petit port est sympa avec un très bon accueil. En route donc vers Linaria. Un vent de 15 à 20 nds nous accompagne, on entend le bruissement des voiles et l'eau filer le long de la coque, India galope jusqu’à 6,6 nds… Toujours pas de poisson à la traine, en revanche des mouettes s'agitent à l'arrière.  Du coup on lâche de la ligne pour faire plonger davantage le rapala, joli calamar bleu brillant. On trouve un mouillage après l'ile nisos Valaxas au nord ouest de Linaria. Le vent se lève et on abrège la baignade pour filer vers le port. Du coup on remonte l'annexe et on amarre tout ce qu'on peut. On imagine une arrivée sportive.. On se prend entre  30 et 40  nds en traversant la baie de Kalogoios,  India au moteur gîte, s'arqueboute… Sakis le gars du port est là fidèle au poste, prêt à prendre les amarres. JJ envoie un bon coup de moteur en marche arrière pour rejoindre le long du quai en slaloomant entre deux bateaux ce qui lui vaut les félicitations de Sakis.  Belle manœuvre, capitaine et équipière se congratulent.. On retrouve ce petit port sympa ou l'on est allé en 2019.

Et le petit escabeau "welcome in Skyros" pour descendre sur le quai, la classe !

Les allées et venues de Sakis sur sa patinette électrique à trois roues, les douches musicales et discos entre 19 et 20h (un des rares ports en Grèce qui propose douches, wc, machine à laver), il y a aussi un dépôt de livres sur le quai bien classés par langue. J'y trouve "Nietzsche a pleuré" de Irvin Yalom… dont JJ s’empare illico. Moi je suis dans "Revivre" de Guy Corneau et "Je rêve ma vie"de Higelin. Je me régale alternant l'un et l'autre. Genres différents mais ô combien régalatoires. Le livre de Corneau m'aide à  enrichir mes mouvements/médit du matin et me questionne sur le way of life. Et je réalise combien Higelin est un frère de 💚 ou une sœur d'âme. C'est lui que j'ai vu le plus souvent en concert dont plusieurs par hasard… Ah ! le hasard….. Le dernier étant aux Correspondances de Manosque qui fut là encore magnifiquement émouvant. Bon encore une digression. Excellent  katsiki lemoni dans une taverna sur le port car caramélisé …  

Greek way of life : "l'art de la brioche", signe de prospérité  !

Lundi matin on attend que le voilier voisin parte pour ne pas se prendre dans sa pendille, compte tenu du vent et de notre emplacement, enquillé le long du quai avec un autre voilier qui est presque à  notre aplomb. 5Mn  sous voiles pour rejoindre Ormos Fokas toujours sur Skyros en passant par l'étroit et peu profond canal… On zigzague en arrivant, multiplication de virements de bord pour suivre les sautes d'humeur de Monsieur vent… Et nous voici dans un joli mouillage sauvage sans réseau. Une plage où il doit bien y avoir vingt personnes, une taverne bien sûr, des bois de pin..

Et si on restait deux jours ? Adopté.. On prend le temps de le regarder s'écouler, on écoute les cigales bêler, les chèvres sauvages  chanter,  les corneilles caqueter. On est en période de récupération, y compris de sommeil….Energie un peu basse, du fait de tout ce qui s'est passé dernièrement. India se transforme en séchoir à  feuilles de vignes pour préparer les derniers dolmadès made India… Les feuilles de vigne ne seront plus assez tendres ensuite…

On a passé deux jours à l'ancre devant une petite plage et une forêt de pins. Chose suffisamment rare en Grèce pour qu'on en parle.  On n'est même pas allé à terre, pas besoin, on est dans la lenteur, on se pose après un mois d'attente et deux mois de vadrouille en France.  

Mercredi nous voilà partis au lever du soleil,  Gérard depuis la Drôme nous a envoyé un SMS météo, le réseau est tellement faible dans notre crique, que rien d'autre ne passe. Pétole et mer d'huile ça veut dire moteur…  Tout à coup ça  bouge devant. Et oui, on a de la visite, trois dauphins se coursent et jouent le long de l'étrave… Petit ballet rien que pour nous… Quelle chance…  Les premiers que l'on croise depuis notre départ. Ils sont venus nous voir deux fois, . Je siffle pour les attirer.. Au final un seul reste et zigzague d'un bord à l'autre. On traverse une réserve  aquatique, ceci expliquant peut être cela.

Arrêt buffet à nisos Skantzoura, une île inhabitée du Parc Marin National d'Alonisos. On a le droit de s'arrêter uniquement de jour dans ce mouillage, deux petits pêcheurs y sont, attendant sans doute l'heure d'aller relever leurs filets. C'est assez profond  mais on voit bien notre ancre à  9m sous l'eau. Il faut rester un peu loin car près du rivage il y a de vieilles amarres qui traînent au fond,  signalées par un bidon en plastique. En Grèce quand tu vois flotter un truc en plastique, bouteille ou  bidon c'est souvent un déchet,  mais pas que. Ça peut aussi être un filet, un casier, un corps mort, un danger genre haut-fond ou une épave. .. alors on se méfie. Le lieu est superbe mais clafi de micro méduses brunâtres. Ça n'incite pas à la baignade même avec le masque.

 On repart vers Steni Vala sur l'ile d'Alonisos, on s'arrête 200m avant dans une petite crique qu'on avait repérée il y a deux ans en faisant une balade à pied. On en avait rêvé et nous y voilà. Trop bien.. Encore un mouillage juste pour nous.

Demain on repartira peut être si la météo se confirme car mal protégé du sud est et on va justement avoir un vent de sud est.. . L'eau est bonne, le cadre sauvage, magnifique et tranquille, un sentier côtier nous mène au micro port de Steni Vala (tout ce qu'on aime) où l'on boit un coup pour trouver le wifi. Tout est micro ici, les méduses, le port, le mouillage…